A 19 ans, Rama Alkhatib, jeune réfugiée Palestinienne, a déjà connu 3 guerres
Elle était l'invitée de notre émission Zone franche.
Rama Alkhatib est née en 2005 en Palestine dans la bande de Gaza, elle aura 19 ans le 7 août prochain et avant d'arriver en Belgique à Tournai fin 2016 à l'âge de 11 ans, elle aura déjà connu 3 guerres. La 4ème est en cours.
Malgré les restrictions et les attaques ou ripostes régulières, Rama a connu une enfance baignée de bienveillance dans la maison de ses grands-parents paternels où elle habitait avec ses parents, sa soeur et ses deux frères. "A l'école, ça allait très bien, j'aimais bien y aller surtout grâce à mes parents qui nous aidaient à travailler, à étudier. Là-bas, on commençait l'école à 7h et on finissait à midi. Très souvent, les classes comptaient entre 30 à 45 élèves parce qu'il n'y avait pas assez de professeurs, mais on considérait nos professeurs comme nos parents : ils nous apprenaient la vie".
Une vie de conflits
La vie de Rama a été ponctuée de guerres en 2008, 2012 et 2104. Elle garde des souvenirs très précis de ce dernier conflit : "C'était un jour de fête après le Ramadan, un cessez-le-feu avait été déclaré pour 4 jours en raison de la fête. Après le départ de la famille, on a entendu un bruit dans la cuisine et c'était une bombe qui avait été larguée alors qu'on était encore à l'intérieur de la maison et qui heureusement n'a pas explosé, mais il y avait beaucoup de fumée et on n'arrivait pas à respirer".
L'arrivée à Tournai
"En 2014, mon papa décide de partir pour essayer de nous assurer un meilleur avenir et une sécurité parce qu'à Gaza, c'était impossible". Au terme d'un long et périlleux périple, son papa arrive en Belgique à Tournai. Il devra attendre fin 2016 pour que sa famille puisse le rejoindre. Rama et sa fratrie rentrent à l'école St Joseph : "Avec les élèves, c'était assez compliqué parce qu'on ne parlait pas français, mais avec les professeurs, ça s'est très bien passé, c'est d'ailleurs grâce à eux qu'on parle aussi bien le français maintenant. On a réussi à apprendre la langue en trois mois. Ils étaient là pour nous, ils nous ont beaucoup aidés sur les temps de récréation". À l'arabe et l'anglais, les enfants ont donc ajouté le français. Rama est actuellement en Sciences fortes-Math à la Ste Union.
L'après 7 octobre
Les représailles suite aux attaques du 7 octobre ont détruit une grande partie des habitations et infrastructures dans la Bande de Gaza. La famille Alkhatib, rivée aux informations, ne peut communiquer que sporadiquement avec les proches, le papa de Rama perd 12 cousins et la maison familiale est presque complètement détruite. Par tous les moyens et notamment via une cagnotte, ils essaient de faire transiter de quoi acheter du ravitaillement et des tentes pour la communauté.
Une marche et une prise de parole à Tournai
Le 29 novembre 2023, une marche de soutien envers la Palestine et contre l'antisémitisme est organisée par l'association belgo-palestinienne de Wallonie picarde à Tournai : 600 personnes y participent et Rama prend la parole sur le perron de l'hôtel de ville. "Je me suis dit que rester chez moi à ne rien faire ça ne pouvait pas faire bouger les choses. Je me suis dit que peut-être le témoignage de quelqu'un qui a vécu la situation pouvait toucher les autres. Pour ma part, je culpabilise un peu. J'étais là et maintenant, je suis ici : ce que j'ai vécu par rapport à eux ce n'est rien".
A.O.
